La sauvage de Jenni Fagan (2013)
Nouveau livre de la sélection des lecteurs de Cognac 2015. Il fait parti de mes chouchous. Vous pouvez retrouver les autres livres de la sélection déjà présents sur le blog en fin d'article (pour rappel : ce prix récompense des auteurs européens.) Ce livre représentait l'Ecosse.
Anaïs est une jeune fille de 15 ans, qui va de foyer en foyer en famille d'accueil. Sa vie n'est pas toute rose et la drogue semble être son seul moyen d'échapper à la réalité.
Accusée d'avoir plongé une policière dans le coma, Anaïs est placée dans un nouveau centre le temps de l'enquête, le Panopticon. Elle ne se souvient pas de ce qui s'est passé. Elle est juste persuadée d'être le cobaye d'une expérience, née d'une éprouvette et surveillée en permanence.
Dans le centre, elle fait la connaissance d'autres enfants, comme elle. Isla, une jeune mère séropositive, en couple avec Jash qui se prostitue pour cumuler l'argent qui leur permettra à toutes les deux de vivre ensemble dans un appartement ; John qui se drogue ; Brian que tout le monde déteste pour son côté dérangé.
Nous suivons tout du point de vue d'Anaïs, entre ses phases où elle est clean est celles où les hallucinations dues à la drogue sont puissantes.
Ce livre aborde le viol, les abus sexuels, la violence, la drogue, la mort, le suicide, la haine de soi, l'entraide, la prostitution...
Nous sommes happés dans le quotidien d'Anaïs.
Les éducateurs sont dépassés même s'ils tentent d'aider. Le système semble inadapté, violent, indifférent. Mais comment les aider ? Anaïs est "la sauvage" parce qu'elle est un peu rebelle, intelligente, insoumise et le système ne sait pas l'aider, persuadé qu'elle ne veut pas être aidée. Nous voyons juste une enfant perdue, en quête d'identité, confrontée trop jeune à la violence, qui rêve d'une vie meilleure en sachant pertinemment que jamais elle ne l'aura…
C'est un livre fort, où les sensations sont décuplées. Même les phases de drogue sont si bien racontées que nous sommes dedans. Des phases assez psychédéliques, sans nous donner l'impression d'être nous-mêmes drogués. Le langage vulgaire ne déroute pas. Au contraire, il apporte un certain réalisme. Et c'est ce réalisme qui est déconcertant.
Il y a tellement de violence, de sexe, que nous oublions parfois que ce ne sont que des enfants… Un livre marquant… Qui évoque une réalité dérangeante. Ce ne sont pas ces enfants qui sont dérangeants, mais tout ce qu'on leur fait subir. Et pas dans le sens où c'est immonde et qu'il faut détourner les yeux, mais dans le sens où nous aimerions agir.
Marion (Source image : Librairie Durance)
Retrouvez les livres de la sélection déjà présents sur le blog :
- Défaite des maîtres et des possesseurs de Vincent Message (France)
- De rage et de douleur le monstre de Terezia Mora (Allemagne)