Grand frère de Mahir Guven (2017)

Publié le par Marion L.

Grand frère de Mahir Guven (2017)

Sujet d'actualité depuis quelques années : le départ en Syrie de français et leur retour. Un premier roman.

     En France, Grand Frère est chauffeur de VTC. Son père est chauffeur de taxi et les a élevés pour qu'ils s'intègrent au pays. Il ne les a pas initiés à l'Islam, eux originaires du Cham (Syrie.)

     Pourtant Petit frère est parti là-bas, sans prévenir. Infirmier à Paris, il avait tout pour s'en sortir, son Grand frère en était persuadé. Il était le rêveur, l'idéaliste de la famille. Parti en Syrie avec une ONG, pour une mission humanitaire, ou pour le Djihad.

     Grand frère est rentré dans les rangs et soutient le Daron, pense à Petit frère et à ses fous qui partent. Jusqu'au jour où Petit frère revient. Vraiment revenu pour eux ou pour se faire sauter ?

A travers cette famille franco-syrienne, Mahir Guven évoque la difficulté de s'intégrer. Ce rejet, cette distinction entre les "français" et ceux qui sont entre deux, ont la nationalité mais ne sont pas vraiment français ; les obstacles qu'ils rencontrent, les freins.

     Le Daron a pris ce qu'on lui a donné, mais la nouvelle génération, née en France, ne comprend pas cette différence de traitement et ne l'accepte pas.

     Le Grand frère tombe dans la drogue mais pour son père, pour lui, il va de l'avant. Le Petit frère, l'intellectuel, s'est confronté au plafond de verre. On lui conseille de tenter médecine mais pour lui, ses origines l'obligent à n'être qu'infirmier. Et ce sera lui qui partira en Syrie. Nous avons aussi accès à son parcours, ses envies, et les difficultés pour revenir une fois là-bas.

Un livre très intéressant puisqu'une plongée dans la communauté musulmane française. Ils ne sont pas tous des extrémistes, au contraire. Ils sont même agacés qu'on mette tout le monde dans le même bateau alors qu'eux aussi rejettent les agissements de certains.

"Dans nos quartiers, ceux-là sont fichés "Blancs complexés". Tous leurs potes sont des Rebeus ou des Renois muslims et eux, par admiration, fascination, ou juste par volonté de vouloir adhérer à un truc, ils finissent par se convertir. Musulmans on peut le devenir, mais Renoi ou Rebeu, c'est impossible. On peut pas changer les gènes. Et après, ils jouent aux premiers de la classe et font la morale à tout le monde sur ce que doit ou ne doit pas être la religion. Dans les médias on parle peu de ceux-là, une minorité à l'origine de la majorité des problèmes." (page 150)

     L'inquiétude du Grand frère est touchante. Et ces hommes qui tentent de survivre ensemble depuis la mort de leur mère/femme bretonne sont également touchants.

     Grand frère écrit comme il parle et malgré ce que l'on peut croire, cela ne rend pas la compréhension ou la lecture plus difficiles. Au contraire, cela rend le livre plus vivant.

Un premier roman intéressant. A mettre dans de nombreuses mains.

Marion (Source image : librairie Durance.)

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