1,2,3, nous irons au bois de Philip Le Roy (2020) SP

Publié le par Marion L.

1,2,3, nous irons au bois de Philip Le Roy (2020) SP

"Un, deux, trois, nous irons au bois
Quatre, cinq, six, qu’la peur nous unisse !
Sept, huit, neuf, ce n’est pas du bluff
Dix, onze, douze, un seul aura le flouze !"

Merci aux éditions Rageot pour ce SP. Il ne m'aura duré qu'une soirée... je l'ai dévoré comme son précédent : "Dans la maison". Cette fois, il ne nous enferme pas dans une maison, il nous promène en forêt. Et joue une nouvelle fois avec les codes de l'horreur.

     Fanny est en terminale littéraire, en pleine préparation du bac. Elle traîne aussi sur les réseaux et surtout sur instagram. C'est comme ça qu'elle tombe sur un trailer qui présente un nouveau jeu : une sorte d'escape game en forêt.

     L'idée ? Dix participants, éparpillés dans une forêt présentée comme étant hantée. Ils n'ont que le strict minimum dont une fusée de détresse. Et dans cette forêt, ils vont connaître la peur. Dès qu'elle est trop forte, ils ont la possibilité d'utiliser la fusée pour sortir du jeu. Le gagnant sera le dernier encore en jeu. A la clé ? 10 000€ et un film. Car les participants filment avec leur smartphone et les images seront utilisées pour créer un film d'horreur de type Found footage (comme "projet Blair Witch" ou "Paranormal Activity".)

"Ce jeu n'est pas un escape game. Il s'agit d'une plongée dans le monde réel. D'une confrontation éprouvante avec tes peurs mais surtout avec celles que tu ne connais pas encore." (page 23 sur liseuse)

     Fanny est sélectionnée pour son plus grand plaisir, elle qui rêve de gagner pour la possibilité de faire un film et d'augmenter ses followers. Mais rien ne se passe comme prévu.

Où sont les limites du jeu ? Qu'est-ce qui est réel ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? Une nouvelle fois, Philip Le Roy joue sur les perceptions et les limites entre réalité et fantastique.

     Comme pour "dans la maison" il y a une volonté consciente de faire peur aux personnages et cette volonté consciente use d'artifices pour y arriver et joue sur les codes de l'horreur.

     Dans cette forêt il y a donc des objets éparpillés, mais qui n'ont rien à faire là, des apparitions, des bruits, une substance étrange, et une présence humaine hostile.

     Sauf que... une nouvelle fois, la limite n'est pas toujours claire et il y a un doute. Ses deux derniers romans seraient des romans fantastiques (le genre littéraire) qui s'habilleraient en roman d'horreur.

     Ce qui l'amène à nous montrer des personnages qui s'enfoncent dans l'horreur. Au début ils pensent que c'est un jeu et qu'ils ne craignent pas grand chose et puis les événements dégénèrent, le doute s'installe et le danger devient réel, ils ne rigolent plus. Certains combattent, d'autres se soudent entre eux et certains abandonnent. Ils connaissent le courage, la lâcheté, la peur, l'espoir, l'abandon...

     En fond, nous croisons des applications de certaines pensées philosophiques, notamment en terme de perception de la réalité (petit clin d'oeil sans doute avec les révisions de Fanny pour le bac et l'épreuve de philosophie.) Mais aussi les addictions aux écrans des jeunes et le danger des réseaux (et tout ce que cela implique.)

"Nous ne sommes pas en rapport direct avec le monde. La réalité est filtrée par nos sens et interprétée par un travail de l'esprit. En fait, personne ne voit les choses de la même façon." (page 15 sur liseuse)

     Il y a d'autres choses, mais je garde une part de mystère.

J'aime beaucoup l'ambiance qu'il instille dans ses romans. Je suis très contente de l'avoir découvert avec son précédent et j'espère qu'il continuera à s'amuser à nous faire peur.

Marion (Source image : les éditions Rageot. Retrouvez le livre sur leur site : 1,2,3, nous irons au bois.) Sortie : 1er juillet 2020.

"Bien que Voltaire affirmât que si l'homme était parfait il serait Dieu, Fanny savait qu'il en avait créé sur Terre quelques uns à son image. Ryan Gosling était bien réel." (page 11 sur liseuse.)

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M
Je vois que tu es fan, je l'ai noté pour "dans la maison" et puis j'ai tant à lire que je l'ai oublié, mais je note celui-ci aussi ! Merci pour ta présentation...
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M
Oui, j'aime beaucoup sa manière de raconter et j'aime le genre de l'horreur, donc il me gâte en jouant sur les codes. Il faut accepter son univers et surtout les péripéties et les conclusions de ses histoires. On peut dire parfois que ça peut être n'importe quoi, mais je le suis les yeux fermés.<br /> Bon week-end