L'amant de Lady Chatterley de DH Lawrence (1932)

Publié le 24 mai 2019 par Marion L.

Le mois de mai accueille le festival de Cannes. Le blog accueille les "adaptations littéraires". Aujourd'hui, je vous présente une adaptation d'un classique.

Constance est mariée à Clifford et devenue lady Chatterley. Jeune femme élevée libre, elle a déjà connu l'amour et ses plaisirs. Elle était mariée depuis peu à Clifford lorsque la guerre a éclaté. Son mari lui est revenu paralysé des membres inférieurs.

Constance semble bien mais elle dépérit. Elle est trop jeune pour faire garde-malade. Ses proches lui conseillent de prendre un amant ; elle n'en voit pas l'intérêt.

Pourtant, quelque chose l'attire chez Mellors, le garde-chasse. Une relation commence alors entre eux.

L'amant de Lady Chatterley est un grand classique. Certains le qualifient de chef d'œuvre classique de la littérature érotique. En effet, dans un sens. Je développe.

De nos jours il peut nous paraître très loin de la littérature érotique qu'on peut connaître. Il y a des scènes et elles sont assez peu décrites. Il nous paraît "sage". Mais pour l'époque, quel roman scandaleux ! Très érotique.

J'ai dû le décrire en quelques mots à un proche : une histoire d'amour et surtout de sexe entre une lady et un garde-chasse, sans que ce soit ni de la romance, ni de l'érotique (au sens actuel.)

Ce livre serait plutôt un roman de société. D.H. Lawrence y dépeint une Angleterre en pleine évolution, qui s'industrialise de plus en plus et qui oblige l'ancien monde à s'adapter.

Clifford est propriétaire d'une mine. Le charbon est amené à ne plus rapporter, même à mourir, il tente alors de trouver une autre énergie. Comme ce vieux monde, il tache de prendre le train en marche.

Au début de son livre, D.H. Lawrence annonce qu'il ne cherche pas à faire un livre de sexe. Il veut éduquer. On peut ne pas être d'accord avec tout ce qu'il dit mais son idée est bonne : éduquer intelligemment les jeunes femmes à la sexualité et à la compréhension du sexe de l'homme, au lieu d'apprendre n'importe comment autrement (on oublie la compréhension de son propre sexe, mais c'était une autre époque.)

Et c'est vrai qu'il décrit le sexe masculin et en explique plus ou moins les rouages.

Mais ses personnages estiment qu'il s'agit d'une occupation bestiale quoique nécessaire. Qu'elle pollue l'esprit, lui qui devrait être seul. Et que c'est ridicule.

La relation entre Constance et Oliver est assez étrange. Il y a de l'attirance physique, une osmose sexuelle mais pas forcément de sentiments (certes il s'avouent leur amour mais j'ai des doutes).

Oliver lui donne des orgasmes, il l'éveille à la sexualité et à ses plaisirs (d'ailleurs Lawrence n'est pas très au fait de l'orgasme féminin).

J'avais regardé le film il y a déjà plusieurs années et j'avais beaucoup aimé. Le roman est différent, il ne zoome pas autant sur la relation. Il y a vraiment un état des lieux de l'Angleterre après guerre et les pensées philosophiques. Il y aurait tellement à dire.

D.H. Lawrence veut raconter, veut éduquer, ce qui rend son livre plus complexe. Avec une écriture très accessible. Il l'a écrit il y a moins d'un siècle, en 1932. D'ailleurs j'ai appris qu'il l'a écrit trois fois, avec plus ou moins les mêmes personnages et la même intrigue mais de plus en plus étoffée à chaque fois et plus aboutie. Les premières versions semblent accessibles.

De me plonger dans un classique m'a aéré l'esprit. Un roman de société fascinant et agréable à lire.

Marion (Le film que j'ai vu et dont je vous partage la BA est basé sur une version antérieure à celle-ci.)