Le malheur du bas d'Inès Bayard (2018)

Publié le par Marion L.

Le malheur du bas d'Inès Bayard (2018)

L'histoire débute par un meurtre suicide. Marie empoisonne le repas du soir pour tuer son bébé, son mari et elle-même. Nous savons donc d'avance comment se termine cette histoire.  Mais comment en sommes-nous arrivés là ?

     Elle avait une vie qui lui convenait très bien. Un mari aimant, une carrière non ambitieuse mais qui lui allait, une bonne situation. Jamais elle n'a été confrontée à la douleur ou la violence, car une famille présente et aimante. Elle est si bien qu'elle est prête à avoir un enfant.

     Mais un soir, le directeur de la banque où elle travaille la raccompagne et la viole violemment dans sa voiture. En quelques minutes elle est confrontée à la plus grande des violences. Elle fera un choix qui détruira tout : elle gardera le silence.

     Je ne sais pas trop quoi en penser. Parce que les premières pages étaient dures, mais pourquoi pas. Victime, honteuse, elle a peur de trop perdre si elle parle. Alors elle se tait. Et l'annonce de sa grossesse brise ce qui restait de rationnel en elle. Elle plonge dans la folie.

     Je ne sais pas trop ce que l'autrice cherchait à nous dire avec la tombée en enfer de son personnage. Le côté destructeur du silence, des non-dits ? Le ressenti de la victime ? Une accusation de l'entourage au sens large de la victime ?

     Parce que Marie en veut à Laurent, son époux, de ne pas voir, de n'avoir rien vu alors qu'elle fait tout pour le lui cacher. Elle en veut aux siens d'attendre d'elle qu'elle soit heureuse de sa maternité. Le monde devient son ennemi.

     Il y a une telle descente, un telle extrémité qu'il semble impossible que Marie ait été quelqu'un de solide et sain à la base. Difficile de se projeter...

     Elle déteste ce bébé parce qu'elle est persuadée qu'il est celui de son violeur. Cela prend de telles proportions qu'à la fin nous ne savons plus qui est la victime.

     Elle soulève des questions que je trouve intéressantes et que je n'ai pas encore vues développées. Comme par exemple le jugement de l'entourage. Elle n'ose parler du viol de peur d'être jugée. Et elle a un tel comportement que lorsque sa sœur le sait, elle n'en fait pas grand cas. Elle pense avant tout à l'enfant. Ou encore la maternité, la joie qui en résulte et son acceptation. Comme quoi il est normal qu'une femme soit heureuse de sa grossesse et d'être mère. Bah non.

     En plus, elle trouve l'accouchement très violent. On touche son corps et surtout, on prend les décisions à sa place, comme si elle n'était plus une personne. Un problème récurrent qui commence à faire parler de lui.

     Et puis il y a l'après quand la famille s'intéresse à l'enfant et vous range dans un rôle de spectatrice, d'utérus qui a réalisé ce miracle. Encore une fois, la femme est dépossédée de son humanité. Marie le vit comme une violence.

     Il y a aussi et surtout je dirais : la sexualité dans le couple. Marie ne veut pas des rapports sexuels. Mais elle se laisse faire et Laurent ne voit pas qu'il n'y a pas vraiment consentement. J'ai discuté avec plusieurs femmes qui ont connu ça. Elles finissent pas céder aux compagnons quand ils insistent mais le vivent comme une forme d'agression.

Quelque chose fonctionne mais il y a une partie voyeurisme qui m'a empêchée d'être complètement séduite. J'avais hâte que l'histoire se termine. J'aurais aimé qu'elle aille moins dans le drame et plus dans certaines problématiques.

Marion.

Publié dans Autres

Commenter cet article