Sans un cri de Siobhan Dowd (2007)

Publié le par Marion L.

Sans un cri de Siobhan Dowd (2007)

Lu et article écrit en 2013. Le destin d'une jeune fille devenue adulte trop tôt.

     Shell (Michelle) est une jeune fille de dix-sept ans qui vient de perdre sa mère. Elle doit élever ses petits frères et sœurs, sans l’aide de son père qui ne travaille plus pour se consacrer à la collecte et à sa vie religieuse (sans parler des soirées passées dans un pub à boire.) Ces soirées sont une bénédiction pour les enfants qui préfèrent rester entre eux, effrayés par la brutalité de leur père. Shell est alors touchée par la grâce depuis l’arrivée d’un nouveau prêtre, le père Rose, un jeune homme de vingt-cinq ans. Après la messe qu’il célèbre (pour la première fois) elle se sent en communion avec Jésus et revoit parfois sa mère. Elle trouve en lui un réconfort, un petit quelque chose. Il sera toujours là pour la soutenir malgré les médisances des autres. Même jusqu’à ce moment qui va chambouler sa vie et la faire détester de toute la ville.

     Quand on lit le résumé (oui, cette fois je l’ai lu, en milieu de lecture), on s’imagine un père violent, les coups qui partent, la gamine battue qui tente malgré tout de vivre. Ce n’est pas ce qui en ressort. On le sait violent à cause de l’alcool, ses enfants ont peur de lui, mais on ne voit pas les coups. Il lève le bras pour les frapper mais ne le fait pas, et au final, on se rend compte qu’il les aime vraiment, car il se sacrifie pour sa fille aînée. On voit plutôt une jeune fille à qui la vie ne sourit pas, un père alcoolique, pauvre car ne travaille plus, une mère qui décède (le début de l’histoire d’ailleurs, là où tout commence), des frères et sœurs à élever, l’école à suivre, un garçon qui lui brise le cœur, une terrible tragédie (même si elle semble plutôt bien la vivre.) Elle devient la paria, personne ne la croit, mais elle continue à vivre.

     On voit les événements à travers Shell, alors quand elle ne comprend pas, les choses restent floues, imagées. L’auteur prend un style un peu poétique, où il y a beaucoup d’images, et la petite affronte la réalité en s’enfonçant dans les siennes, dans son imagination lorsqu’elle pense voir Jésus ou sa mère, ou que l’endroit autour d’elle se transforme en une scène de la Bible. Ça semble être sa manière de continuer et d’affronter la vie.

     Elle prend ses problèmes à bras-le-corps et les affronte la tête haute, plus comme une adulte (qu’elle est vite obligée de devenir) que comme une enfant.

     L’histoire se passe dans un village en Irlande. Là où tout se sait, où tout le monde connait tout le monde et où on « gère soi-même ses cas ». C’est en tout cas ce qu’explique le père Caroll, le vieux prêtre de la paroisse. C’est une belle histoire malgré tout, de part ce que le personne principal, Shell, en fait. Pas basée sur la violence d’un père mais sur celle de la vie.

     Vers la fin, deux histoires sont en quelque sorte mises en parallèle ; deux jeunes filles vivent un peu la même chose mais leur choix, leur manière d’affronter les obstacles, les différencient et l’une est plus heureuse, s’en sort mieux que l’autre.

     Je n’irais pas jusqu’à dire que l’histoire est touchée par la grâce, comme ce qui est écrit en quatrième de couverture. Mais elle a un petit quelque chose. Peut-être que cela ne va pas plaire à tout le monde, il faut tenir. Une histoire poignante (vue dans un sens optimiste, elle ne fait pas dans le mélodrame plein de larmes, avec une exagération pour faire pleurer le lecteur, loin de là), bien plus quand on imagine sans peine qu’elle peut être vrai et que d’autres jeunes filles doivent vivre cela.

      « Là où il y a de la haine, il y a de l’amour » : ce que leur dit le père Rose et cela se confirme un peu tout au long de l’histoire.

     Il y a des livres qu’il vaut mieux lire pour comprendre. C’est le cas ici.

Marion (Source image : Electre)

Publié dans Jeunesse - Adolescents

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