Frankenstein de Mary Shelley (2005)

Publié le par Marion L.

Frankenstein de Mary Shelley (2005)

Envie de frissonner ? En novembre, retrouvez des chroniques de livres d'épouvante, de fantômes ou de monstres en tout genre.

     J'avais envie de redécouvrir ce mythe, ce classique de la littérature. Voilà une créature si connue que le public a occulté son histoire mais la connaît. D'ailleurs la méprise est faite : Frankenstein est le scientifique, le créateur, pas le monstre.

     Je me suis justement posé la question sur cette appellation de "monstre" et qui l'était vraiment ? Frankenstein est comme Prométhée selon le sous-titre oublié de tous. Le mythe a pris le feu pour le donner aux hommes, ici c'est la vie. Il en est puni. Frankenstein aussi. Le résultat de ses recherches le tourmente, il est sa malédiction. Un peu biblique, il est puni pour s'être pris pour Dieu.

D'ailleurs, le monstre - qui n'a pas de nom - se compare à Lucifer, rejeté par Dieu, il en devient démoniaque.

     Pour en revenir à ma question, je pense - à mon humble avis - que l'histoire est plus complexe que cela. Cette "chose" est-elle si monstrueuse ? Oui, mais qui en est responsable ? Frankenstein, alors qu'il s'est contenté de la créer ? L'humanité ?

     Le monstre a des arguments qui font mouche. Il était innocence, douceur et amour avant de connaître l'homme. L'homme l'a corrompu. Il demande une seule chose à Frankenstein, une seule. Simple ? Non, pas tant que cela. Frankenstein pourrait calmer sa peine et sa violence en créant. Facile. Mais pour se faire, il faut qu'il commette de nouveau un acte qu'il rejette de son être, qu'il exècre, qu'il juge amoral et dangereux pour l'humanité. Ce n'est donc pas si simple.

     Et en même temps, nous comprenons le monstre. Un double discours une fois encore. Ses arguments touchent Frankenstein. Ce dernier les accepte mais se répugne à le faire quand il le regarde. La chose ne serait-elle pas mille fois plus maudite ? Comme cette héroïne grecque, Cassandre, qui voit l'avenir mais que personne ne croira jamais, telle est sa malédiction. Le monstre est tellement immonde que peu importe ses dires ou ses actes, les gens sont voués à le détester et le craindre.

     Je parlais de double discours puisque Frankenstein soulève une autre problématique. Le monstre serait-il à l'image de son physique ? Mais saurait charmer avec ses mots ? Est-il sincère ou cherche-t-il à tromper ? On n'ose y croire puisque le diable trompe, mais se rend séduisant pour le faire. Ce n'est pas le cas ici.

     Je ne peux m'empêcher aussi de penser que le monstre effraie parce qu'il est l'image de la mort. Le reflet de ce que deviendra l'homme une fois mort. La mort en elle-même est également terrifiante pour les mortels.

On pourrait aller encore tellement loin.

     Un roman riche, même si j'ai lu que Mary Shelley était une adolescente qui ne savait pas écrire. Si je regarde ce livre avec mes ressentis également je ne comprends pas les réactions de Frankenstein. Intellectuellement si, mais mes ressentis non.

En bref, j'ai trouvé ce livre très intéressant, même si moins spectaculaire que ce qu'en a fait le cinéma.

Marion (Source image : Babelio)

Commenter cet article