Le C.V. de Dieu ; J.-L. Fournier (2008)
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Je dois dire qu’il ne m’est pas vraiment possible de faire le résumé de cette histoire. Disons que Dieu s’ennuie et décide de trouver du travail sur Terre. Comme n’importe quel humain qui cherche du travail, il envoie son CV. L’homme, déconcerté par cela, désire le rencontrer. Et Dieu passe un entretien d’embauche, avec épluchure du CV et explication.
Il faut avouer que le titre en lui-même est assez déconcertant. C’est d’ailleurs lui qui m’a donnée envie de lire la quatrième de couverture. Il pousse à l’imagination et interpelle. Nous tentons de savoir ce que cela peut bien être. Avons-nous affaire au CV complet de Dieu ? Un CV qu’aucun être humain ne peut égaler. Nous nous imaginons une liste, telle que : création du monde en six jours. Je pouvais en avoir sept, mais sérieux dans mon travail et efficace, j’ai pu terminer plus tôt.
Mais ce n’est rien de tout cela.
Certains jeux de mots sont assez intéressants et bien trouvés. Peut-être pas totalement hilarants, mais bien tournés. L’auteur s’amuse avec la langue. En voici un exemple, peut-être pas le plus drôle, mais celui qui illustre au maximum mes dires : Dieu et le recruteur évoquent la création du soleil. Et savez-vous comment ils décrivent cette idée ? Comme « lumineuse », je cite.
Ensemble ils analysent le CV en parlant du pourquoi a-t-il créé ça?pourquoi de cette manière ? Quels en étaient les buts recherchés ?... Le tout ponctué de tests psychologiques et de documents annexes. C’est ainsi que nous découvrons le casier judiciaire de Dieu, sous forme d’extrait. Et ceci prend cette forme :
« quatre cent trente et un mille sept cent soixante quinze condamnations pour crimes contre l’humanité avec récidive.
Coupable avec préméditation de … »
Dieu est coupable de différents meurtres à la suite de catastrophes naturelles par exemple. Je n’ai pas été vérifier si les chiffres donnés par l’auteur étaient exacts ou non.
L’auteur va plus loin en évoquant des droits d’auteur pour la création du soleil, évoqué plus haut. Dès que le soleil se lève ou se couche, dès que le mot apparaît quelque part, Dieu touche des droits. J.-L. Fournier nous donne le chiffre atteint. Est-ce une donnée au hasard, ou a-t-il tenté un calcul ? Je ne sais pas.
Dieu et le recruteur exposent différents sujets : la mer, le vent, le soleil, les montagnes, les hommes, les hommes de couleur, les animaux, les poissons, les oiseaux, et même les abeilles. Pour les hommes Dieu fournit sa correspondance de 1995 avec le Vatican. Le pape et lui se lancent diverses insultes et ne peuvent pas se voir. Avec les abeilles, le recruteur accuse Dieu d’avoir également créé les guêpes. Elles piquent et font peur. Dieu tente de se défendre de ces accusations. Il assure qu’elles ne sont pas de lui, mais d’un mauvais copieur. Tout comme les tornades, d’ailleurs. Il n’est pas responsable de ces choses.
L’auteur va plus loin. Pour vous en donner un avant-goût voici les titres des derniers chapitres : Qui a tué Mozart ? ; Dieu cueille les plus belles fleurs de son jardin ; dieu est-il faux cul ? ; Dieu et la mort ; Dieu s’amuse d’un rien ; Dieu se plaint de son grand fainéant de fils (qui lui ne cherche aucun travail) ; Dieu aime être un peu pompette ; Dieu vide son sac.
Et bien sûr Dieu parle des femmes. Il montre une photo d’Eve, la toute première femme qu’il a faite. Le recruteur est halluciné devant une telle beauté. Il demande donc à Dieu pourquoi les femmes actuelles ne sont pas aussi belles. Quelle est la réponse de Dieu ? Qu’avec le temps, les copies deviennent de plus en plus mauvaises. On serait prêt à comparer un travail d’ébéniste de profession sur un meuble, et le même fabriqué à la chaîne par des machines. Ce n’est pas le même résultat à la fin.
La question ultime est bien entendu : est-ce que Dieu va obtenir le travail avec ce merveilleux CV ?
Malgré tout cette histoire est drôle et surtout rafraîchissante. C’est une lecture 100% loisir et un véritable moment de détente (quoiqu’un peu petit, car il ne dure même pas une heure. Mais tout de même.) Si le livre avait été plus long, peut-être aurait-il perdu un peu de son charme.
Pour résumer tout cela, J.-L. Fournier se moque. Il joue avec un sujet sensible, celui de la religion. C’est un pari risqué, mais il le fait tout de même. Chacun peut avoir son avis sur la question, alors n’hésitez pas à le donner.
Marion L. (source image : librairie Decitre)