Wilder girls de Rory Power (2020) SP
Pour le vendre, je dirai un roman original qui reprend les codes du thriller et de l'horreur, dans un huis-clos sur une île dangereuse car touchée par une maladie étrange et mortelle.
Raxter. Une île sur laquelle se trouve une école pour jeunes filles. Elles sont, pour la plupart, des filles de soldats de la marine. C'est en tout cas le cas de Hetty. Coincée sur l'île avec les autres, les survivantes.
Il y a presque deux ans, une étrange maladie les a frappées : la Tox. Elle modifie leur corps en leur offrant des excroissances, des organes en plus ou de profondes lésions. Hetty a une paupière qui s'est soudée avec quelque chose en dessous, elle ne sait pas quoi. Ses amies ont, pour Byatt une seconde colonne vertébrale qui ressort, pour Reese une main transformée en métal et en arme.
Depuis l'apparition de la Tox, elles survivent, coincées sur l'île, en quarantaine. L'armée leur envoie à peine de quoi vivre. Et la maladie ne se contente pas de les modifier elles, elle a changé toute l'île, la faune comme la flore. Faisant d'eux des ennemis pour les filles qui ont dû s'adapter. Hetty s'y fait… jusqu'à ce que Byatt disparaisse.
De façon tout à fait subjective, je sépare ce livre en deux. La première partie est celle où nous découvrons l'univers et les personnages. Le mystère sur les origines de la maladie reste entier. Elle est là et en voici les conséquences.
Cette partie m'a captivée, il y a une ambiance très particulière qui en fait tout le charme. Une sorte de suspens et de tension. Ce qu'on peut ressentir dans un roman d'horreur. Il y a ce danger et ce mystère.
Puis, seconde partie - qui vient souvent après un mystère qui ne peut durer sans explication - qui donne une piste. L'enquête d'Hetty l'amène à découvrir des secrets. Des secrets qui expliquent plus ou moins ce qui se passe.
Cette partie n'est pas moins intéressante, mais elle n'a plus cette ambiance, c'est autre chose. Un autre danger, d'autres mystères. Et plus nous en apprenons, plus nous voulons en savoir plus, avoir confirmation. Jusqu'à la fin.
Une histoire tendue et captivante. Avec une forte importance donnée à l'ambiance. Mais pas que. Les personnages y sont pour beaucoup également dans la qualité de ce roman. Ce sont des personnages atypiques, presque antihéros.
Hetty est très attachée à Byatt, elle est prête à beaucoup pour elle. Ce qui ne fait pourtant pas d'elle un héros au sens stricte du terme. C'est comme ça. La maladie les a rapprochées, et des groupes très soudés et unis se sont créés.
La relation entre elles trois est très particulière. Elles sont inséparables, elles sont prêtes à beaucoup, elles s'aiment d'un amour inconditionnel, mais leurs relations peuvent paraitre froides. Elles ont quelque chose de sombre. Peut-être un aspect dû à la maladie et à leurs conditions de vie.
Byatt semble être détachée de tout sentiment. Elle agit comme si elle n'en avait pas et comme si elle ne pouvait pas comprendre ceux des autres. Alors qu'elle souhaite protéger ses amies plus que tout.
Reese est distante et froide, hargneuse quand on s'adresse à elle. A tel point qu'Hetty est persuadée qu'elle la déteste. Mais c'est une carapace.
Elles sont seules contre les autres. Peu importe les conséquences de leurs actes sur les autres, seule compte la survie des membres du trio. Avec plus ou moins des affinités entre elles, ce n'est pas un vrai trio.
Les autres personnages ont eux aussi leurs particularités et les apparences peuvent être trompeuses.
Pour résumer, nous sommes face à des personnes (jeunes pour la grosse majorité), victimes d'une maladie aussi horrible que douloureuse, qui les déforme et les tue, confrontées au manque de nourriture et à une faune et une flore hostiles, livrées à elles-mêmes, qui survivent comme elles peuvent. De quoi vous donner envie, non ?
Marion (Source image : Les éditions Robert Laffont. Retrouvez le livre sur leur site, collection R : Wilder Girls)