La quête de Robert Lyndon (2013)
Un excellent livre de 925 pages. De quoi décourager ? Mais non, une fois dedans on ne peut plus en sortir.
Cosmas, érudit, fait la connaissance de Vallon, mercenaire franc obligé de quitter la France pour crime, sur son lit de mort. Il avait une mission, celle de communiquer une rançon pour libérer Walter, héritier anglais. Ce dernier a négocié cette démarche contre un secret.
Vallon accepte la quête, accompagné de Hero, le jeune assistant grec de Cosmas. Première étape : l’Angleterre.
La rançon ? Une somme astronomique (que les seigneurs ne peuvent pas payer) ou quatre Gerfauts d'un blanc immaculé. Des rapaces que l'on ne trouve que dans le grand nord.
La quête commence, nos héros accompagnés de Wayland, un fauconnier muet, maître d'un énorme chien et détenteur de ses propres secrets et motivation ; de Raul, un germain porté sur la boisson, les femmes, mais qui n'hésite pas à mettre sa force physique et son adresse à l'arbalète au service du combat et de Vallon ; et de Richard, le demi-frère de Walter, que tout le monde méprise mais qui veut prouver ses qualités.
C'est sans compter sur la haine tenace de Drogo, le frère aîné de Richard et demi-frère de Walter, à qui les terres auraient dû revenir, et qui fera tout pour saboter leur mission de sauvetage.
A ce groupe s'ajoute la belle Syth qui redonnera la parole à Wayland et Garrick, un paysan pauvre et affamé qui ne devra son salut qu'à cette expédition.
Et les voilà partis, tachant d'éviter Drogo et ses hommes, de dénicher un bateau, de traverser les caprices de l'océan, trouver le grand nord, attraper les faucons ; et rapatrier tout cela en Anatolie pour payer la rançon, en traversant des territoires hostiles peuplés de nomades sanguinaires, et des mers où les vikings pirates serpentent.
925 pages d'aventure car il se passe toujours quelque chose. Les rares moments de pause sont exploités pour se concentrer sur les personnages, leurs relations, leur passé, leurs motivations.
Nous suivons à la foi leur chance inouïe dans certaines situations et les coups du sort qui les frappent. Une année d'aventure.
C'est largement un roman d'aventure, plus que l'histoire. Au début ça me faisait penser au schéma de l'héroIc fantasy, où un groupe de personnage se forme, où chacun a son rôle à jouer et son propre caractère (des personnages distincts), qui part dans une quête que l'on sait semé d'embûches, pourchassé ou gêné pas un terrible méchant qui a les moyens de l'arrêter et ne s'en prive pas. Ici, bien sûr, sans magie. Donc une sorte d'héroïc fantasy sans fantasy.
Les personnages sont plus qu'intéressants, ils sont attachants. Ils ont chacun leur dynamique. Je pense qu'ils ont même dû l'imposer à l'auteur. Au début, par exemple, tout porte à croire que Hero et Vallon seront les personnages principaux sur lesquels l'histoire s'arrêtera. Vallon garde ce privilège mais Hero est surpassé par Wayland, un perso qui se démarque et qui permet tellement de choses qu'il prend ses marques avec une facilité déconcertante. Bref, il devient quasiment le personnage central.
Tout livre doit avoir une fin (eh oui), mais après toutes ces aventures, étrange que cela s'arrête. Surtout qu'on ne se lasse pas.
Dans le résumé de quatrième de couverture on parle d'une épopée sur les traces de l’Évangile perdu de Saint-Thomas. Dans les faits, oui, dans un sens c'est cela mais l'aventure et le voyage lui-même sont tellement mis en avant qu'on en oublie cet évangile. C'est plus une aventure qu'une expédition religieuse avec une portée mystique. Et c'est ce qui en fait tout le charme.
Nous sommes en 1072 et à part des notions de médecine qu'on peut penser en avance sur le temps, nous y sommes vraiment, avec la barbarie de l'époque, les mœurs, les blessures qui s'infectent...
J'en ressors avec une excellente appréciation.
Marion (Source image : médiathèque de Neuville)