Confession d'un hypocondriaque de Christophe Ruaults (2013)
Thomas Lutreaux est un trentenaire atteint d'hypocondrie. Il est persuadé d'être toujours malade. Mais pas d'un simple rhume, non, des pires maladies de cette planète.
Il se moque de sa condition, celle que Charlie, son double, lui force à vivre. Il se moque également de ce système dont fait partie la sécurité sociale (lui qui avoue agir pour l'endetter encore plus avec sa "maladie" psychique.) Mais aussi les médecins, et surtout les spécialistes plus chers pour quelques minutes de consultation seulement, et difficiles à voir... Sans oublier l'hôpital avec le dépassement d'honoraires qu'il ne comprend pas. Ou bien l'obésité à travers son voisin, les recherches scientifiques... Tout y passe ou presque.
Il n'est pas tranchant, non, il utilise les phrases détournées, l'humour pour dire les choses. Il critique la recherche de scientifiques hollandais autour de la viande fabriquée en laboratoire. Il continue sur l'abandon de la viande dans notre alimentation pour s'orienter vers les fruits et les légumes et ajoute : 'Il faut saisir le terreau par les cornes". Bref, il joue avec les mots.
J'aimerai pouvoir conclure en disant que c'est drôle, mais au fond ce n'est pas le cas ; c'est même un peu triste. Certes il utilise l'humour, mais on perçoit malgré tout la gravité de la chose derrière tout cela. Comment une maladie mentale peut détruire une vie aussi facilement mais plus sournoisement qu'une grave maladie qui toucherait le corps. Alors non, ce n'est pas drôle malgré ses tentatives pour atténuer les choses et ses critiques de la société. En tout cas, c'est l'effet qu'a eu le livre sur moi.
Thomas essaie bien de déjouer Charlie, de le raisonner sur sa peur des maladies. Il essaie, mais n'y arrive pas. Difficile quand on est en couple pour soi et pour le conjoint qui doit subir ça. C'est le cas de Claire qui devient bien plus infirmière à domicile qu'épouse. Et le pire dans tout ça, c'est que Thomas s'en rend compte (puisque c'est lui qui nous le dit).
Cela rajoute dans l'aspect triste. Nous espérons vraiment qu'il saura surmonter cette hypocondrie.
A travers cette histoire nous constatons un reproche de la société et notamment du corps médical qui ne l'empêche pas. Pour lui ils devraient se rendre compte qu'il va bien. Les médecins lui donnent des médicaments sur médicaments alors que c'est juste sans sa tête... Comme un encouragement. Seule Claire tente de le sortir de ce cercle vicieux, mais comment lutter seule contre le système ?
Un livre touchant. Le pire étant ses sentiments et ses espoirs. Il est tombé amoureux, il veut aller mieux, mais ce n'est pas suffisant. Et la fin est une chute. Nous le quittons sur une situation donnée, une tentative, des espérances, et puis plus rien. A-t-il réussi ce qu'il voulait si ardemment faire ? A-t-il surmonté son mal ou l'a-t-il assez atténué pour que les choses s'améliorent pour lui ? Dans mon petit coeur de lectrice, je l'espère pour lui.
Marion (Source image : Babelio)