Le maître du Haut-Château de Philip K. Dick (2012)
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[lu et article écrit en 2015] Et si lors de la seconde guerre mondiale les Alliés avaient perdu la guerre?
L’auteur imagine ce que serait devenu le monde (surtout les Etats-Unis) si ce n’étaient pas les alliés, mais l’axe, qui avait gagné la seconde guerre mondiale. Les Etats-Unis sont séparés entre domination japonaise et allemande. L’allemand est la langue la plus parlée à la place de l’anglais et ce sont des Britanniques qui ont eu droit à des procès.
Les personnages que nous suivons sont du côté japonais. On commence avec M. Childan qui ne trouve pas l’objet demandé par M. Tagomi qu’il voulait offrir à M. Baynes. L’enchaînement commence par ces trois personnages. M. Childan est une sorte de brocanteur de luxe. Il vend des « artefacts » américains, d’avant, quand les Etats-Unis étaient une puissance à part entière. Les japonais y aiment l’historicité et se les arrachent à prix d’or. M. Tagomi est haut placé, ce qui aura son importance. M. Baynes se dit commercial suédois venu traité avec l’empire japonais par l’intermédiaire de M. Tagomi, mais veut la présence d’une troisième personne. Puis vient Frink qui a perdu son travail car, sous domination japonaise, le respect et la politesse sont primordiales. Il se morfond, surtout que sa femme, Juliane, l’a quitté. Il ne peut réintégrer son poste mais un ami lui propose de mettre leurs compétences en commun pour monter leur propre boîte de création de bijoux. Ce seraient des créations modernes américaines alors que seules les anciennetés intéressent. Ils rencontrent ainsi M. Childan et leur route, ou création, croise le destin de M. Tagomi qui a besoin d’une réponse divine après sa réunion avec M. Baynes et le troisième acolyte.
Les destins s’entrecroisent car Juliane part avec un routier qui veut rencontrer Abendsen, l’auteur du best-seller « le poids de la sauterelle ». Un livre dans lequel les Alliés gagnent la guerre. Dans ce livre, l’empire Britannique domine. Un livre dans un livre qui parle d’un troisième monde parallèle (le nôtre, celui du livre et celui du poids de la sauterelle.)
Je m’attendais à autre chose, comme peut-être moins s’attarder sur les personnages pour une vue globale du fonctionnement de ce nouveaux monde. Un choix. Le milieu et la fin, une fois l’histoire installée, nous entrainent. L’idée de monde parallèle prend de l’ampleur et aurait dû être l’idée principale, le fil conducteur du tome 2 (selon les deux premiers chapitres.)
Laurent Queyssi fait une analyse du livre ainsi qu’un historique. Il s’agit du travail plus abouti de l’auteur avec des inspirations comme autant en apporte le temps de Ward Moore, ou bien Yi King et son uchronie, le livre des transformations, très présent dans ce tome : il est ici utilisé par les japonais et le peuple conquis. Plusieurs personnages l’utilisent dès qu’il faut prendre une décision ou en période de changement. L’auteur du poids de la sauterelle l’a utilisé tout du long pour découvrir les événements de son livre : la vérité, le vrai monde. Donc le nôtre aussi serait un monde fictif ? Et seul le livre dans le livre serait le vrai monde ?
Il y développe la présence du faux, notamment la contrebande d’objet de l’ancienne Amérique. Ainsi que le thème du double avec l’effet miroir : entre les mondes, les deux auteurs (Dick et Abendsen), le Ying-Yang…
Il évoque aussi ce livre dans le livre. Le monde inventé par Dick devrait être ignoble, les nazis ont gagné. Effectivement, il l’est de leur côté, mais celui des japonais est selon Laurent Q un monde meilleur que le nôtre, utopique. Chacun son avis.
Une idée intéressante mais un emballement moyen à la fin de ma lecture. Une petite déception bien malgré moi. Chacun son avis.
Marion. Source image : Electre