Profession du père de Sorj Chalandon (2015)

Publié le par Marion L.

Profession du père de Sorj Chalandon (2015)

Mot coup de cœur de ma collègue : "Un quotidien insensé : le parrain américain et manchot qu'il n'a jamais vu, des lettres du père pour conseiller le général de Gaulle ou ses ministres, de prétendues planques pour l'OAS... mais aussi les coups réguliers et brutaux. Emile grandit dans un huis-clos entre les délires et la violence de son père et l'absence de réaction de sa mère."

     Le narrateur raconte son enfance auprès de ce père. Un père talentueux qui a été le fondateur des Compagnons de la Chanson (rejeté car trop doué), découvreur d’Edith Piaf, ceinture noire de karaté, prêtre, membre de l’OAS, conseiller de De Gaulle, créateur du franc… un père aux mille activités. Même espion, ce qui expliquerait ses errances dans l’appartement ou chez le garagiste et sa paranoïa. Pourquoi profession du père ? Parce que dans ce cas, il est difficile de remplir la case « profession du père » à l’école.

     Un père également violent, qui terrorise sa femme et frappe son fils. Un père auprès duquel il est difficile de se construire.

     Pas une fois il ne dira qu’il est fou alors que la vérité est là. Même le fameux parrain américain, membre de la CIA et garde du corps du président, sonne faux. Mais quand on est un enfant, on croit tout ce que son père dit.

     Les phrases sont courtes et imitent la manière de parler d’un enfant. En tout cas on l’imagine bien.

     Le narrateur nous plonge dans l’histoire, comme si nous faisions partie intégrante de la famille, sans être un regard extérieur. On ne juge pas, on constate. Une observation presque neutre.

     Il y a des clins d’œil : les histoires jamais vérifiées ; les moniteurs de vacances qui le plaignent quand ils comprennent que ce n’est pas lui qui invente tout ça. Et la mère… un personnage effacé. Elle le protège comme elle peut, mais elle a peur. Elle a accepté sa situation, il n’y a pas de problème, c’est juste qu’il est comme ça…

     Un coup de cœur d’une collègue. Et c’est vrai, sans être un coup de cœur, que ce livre est bien malgré le sujet compliqué. Il dresse le portrait d’un homme à travers les yeux d’un enfant, et arrive à le rendre accessible, intéressant, sans ennuyer ses lecteurs.

     Après En attendant Bojangles, voici la profession du père, la folie d’un parent. Mais dans En attendant Bojangles il y avait beaucoup d’amour, de tendresse et d’affection. Le geste de la mère est un geste d’amour. Ici il n’y a rien de tout ça. Juste un père violent et fou.

Marion (Source image : Electre)

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