La métairie et le château de Michel Jeury (2012)

Publié le par Marion

La métairie et le château de Michel Jeury (2012)

     C’est l’histoire de Tiéno (Etienne Jouannet) qui passe son enfance dans une métairie, près de Périgueux. Il aide son père blessé lors de la première guerre mondiale, les poumons brûlés à cause des gaz. Lorsque ce dernier est envoyé à l’hôpital, Joseph Sembat, dit le Glouriou, prend sa place. Violent, il n’aime pas Tiéno, le seul à lui tenir tête, et est jaloux de l’amour que Gaspar, le chien, lui porte.

     Tiéno doit vivre avec cet homme violent et les rumeurs qui circulent sur sa mère. Comme tout garçon il est attiré par les femmes, mais n’y a rien, pour autant, de sexuel dans son affection pour elles. Et ses problèmes avec le Glouriou et son certificat lui font vite oublier les femmes.

     Choc des univers entre les gens de la ville et ceux de la campagne, entre le français et le patois. La mado : sa mère ; Justine, Lisa, mademoiselle Julie, Lisa la Fumée, Frédo / Ninette : tout le monde ou presque a un surnom.

     La misère est partout présente. Tiéno a bien du courage pour vivre toutes ces aventures entre un père malade, des injures et des moqueries, Justine et Lisa qui le détestent, une mère folle amoureuse d’un homme qu’il déteste… Pourtant, du début à la fin il reste le même. C’est très touchant. Malgré toutes ces misères (les dégâts de la guerre sont bien présents), l’amour et l’affection sont là : tout simple mais si forts et agréables ; avec le reste, les relations qu’il entretient avec son grand-père. C’est beau et puissant à leur manière et très touchant. Tout le monde se met à l’insulter mais Tiéno le défend. Et ça lui fait mal qu’on puisse dire de telles méchancetés sur un homme comme son grand-père.

     Et sa relation avec son chien est forte aussi, Gaspard, qui demeure son seul ami pendant une longue période. C’est lui qui sera prêt à mourir pour lui. Peut-être que ma vie privée influence beaucoup mon ressenti face à ces deux amours, pourtant si simples, mais si magnifiques pour cette raison. De plus toucher à un animal c’est toucher un être sans défense qui ne ressent pas la malignité et la cruauté des hommes. Comme Tiéno on déteste Joseph qui s’en prend aux faibles : attaque le grand-père et le chien pour atteindre un enfant qui lui résiste. Il ne réagit pas comme un véritable homme. On ne comprend donc pas vraiment la réaction de la mère, et dans un autre sens si.

     La relation entre les personnages est complexe et bien tournée. C’est un livre que l’on pourrait croire vrai. Pas de surplus, pas d’exagération.

     Bien écrit, touchant (car on voit tout du point de vue du jeune Tiéno. Intelligent il comprend les choses mais les pardonne malgré tout, alors que certains le croient idiot. Il affronte la vie la tête haute. Entre lui et Joseph on sait qui est vraiment l’homme (du moins la définition que je m’en fais.)

     Un bon livre sur l’humain, je tire mon chapeau à Tiéno, un personnage attachant qui doit quitter l’enfance et ses rêves très vite, lui-même le reconnait : il s’accroche à ses rêves d’enfant mais n’en est plus un. Il doit évoluer. Un livre un peu dur mais agréable. Un terroir ?

Marion (Source image : Amazon)

Publié dans Autres

Commenter cet article