My absolute darling de Gabriel Tallent (2018)
J'en parle tardivement car il a soulevé la toile lors de sa sortie : un roman qui ne laissera personne indifférent. Qui vous plaira sans doute tout en vous donnant envie de le laisser dans un coin. Un roman dur mais d'une qualité indéniable. Un roman dont on ne sait pas si on doit l'aimer ou le brûler...
Tortle Alveston, ou Julia, est une jeune fille de 14 ans. Elle vit seule avec son père depuis la mort de sa mère, de longues années auparavant. Une mort dont ne se remet pas Martin, le père. Au risque de confondre sa fille avec sa femme.
Violent et perturbé, il l'élève dans le dégoût d'elle-même. Ses seuls autres contacts sont son grand-père et l'école. Un univers dans lequel elle n'arrive pas à s'intégrer. Aucun ami, aucun soutien, personne pour remarquer son quotidien.
Entre mer et forêt, Turtle, ou Croquette, devient une reine sauvage qui fascine. Elle paraît détachée et sait tirer comme personne. Un brin survivaliste, son père lui a appris à manier et s'occuper d'une arme et à surmonter la douleur.
Nous découvrons cette histoire à travers le regard de cette jeune fille complètement détruite et pourtant si forte.
Un jour, elle rencontre deux garçons, à peine plus vieux qu'elle, dans la forêt. Elle les fascine, ils sont tout ce qu'elle ne pourra être. Une porte s'ouvre pour elle et Turtle goûte à la liberté, au risque de ne pas en revenir.
Il a été vraiment très difficile pour moi de le finir, je ne vais pas vous le cacher. Il fait parti de ces œuvres que je n'arrive pas à juger, à décider ce qui prime entre le talent manifeste de l'auteur, la qualité du texte et l'histoire racontée, vraiment dérangeante.
Il y a une recherche de style, une manière de raconter, un quelque chose de vraiment bon. Il mêle la narration avec les pensées de Turtle, dans un rythme effréné. C'est une taiseuse mais elle pense beaucoup. Un rythme soutenu du début à la fin, sans temps mort.
D'un point de vue purement artistique et littéraire, ce livre est formidable. Mais je n'arrive pas à me détacher de l'histoire. Celle d'une gamine de 14 ans, maltraitée, humiliée, insultée et violée. Atteinte du syndrome de Stockholm car elle hait son père autant qu'elle l'aime. Elle a une fragilité et une telle force qu'elle nous touche.
Le chapitre 21 a été une torture. Je voulais connaitre la fin. Comment pouvait-il finir cette histoire ? Alors j'ai continué mais je n'avais qu'une hâte, que ça se termine.
Martin, le père, est un personnage complexe. Détestable à souhait mais décrit comme beau et intelligent, avec des moments de tendresse et d'amour.
Ce livre a eu d'excellentes critiques et dans un sens il les mérite. Mais cette histoire est vraiment dure, mon empathie a été mise à rude épreuve. Heureusement il y avait les passages avec Jacob et Brett, les deux garçons. Une bouffée d'air frais pour nous comme pour elle.
Bon sang ! Il faut en revenir de cette histoire ! Elle m'a tirée dessus et je ne sais pas si c'est comme la version de Marc Lavoine ou juste un coup de feu douloureux. Peut-on le comparer à "Lolita" ? Un chef d'œuvre pour un contenu sale.
Marion (Source image : librairie Durance.)