Légendes d'Océanie

Publié le par Marion L.

Légendes d'Océanie

Merci à la maison Evidence Editions pour ce service presse.

Différents auteur ont été inspirés par l'Océanie pour un appel à projet. Chacun à sa manière. Un sujet commun, du moins un lieu commun, mais un développement libre. Science-fiction, fantasy, folklore, tradition... cette anthologie est variée.

- Le tic-tac des tikis d'Anthelme Hauchecorne : Une première histoire chargée de folklore et d'épouvante. Sur un bateau, un étrange phénomène frappe les marins après le massacre d'une peuplade locale. Cette histoire ouvre le bal avec brio. Il y avait une tension que j'ai bien aimé.

- Ce vieux Buck de Pierre Brulhet : Un peu étrange. Un vieux couple, un chien qui meurt, un enfant qui vient le prendre. Elle rappelle ces anciens romans d'épouvante. Il vient de se passer quelque chose mais on ne sait pas trop quoi, ce qui ajoute de la tension, de la gêne.

- Le vieillard et l'Oppossum d'Ambre Dubois : Une jeune femme, en Australie, pense avoir une très bonne idée : photographier les lieux occultes, là où les témoignages laissent supposer une manifestation magique. Malgré les recommandations... Il mêle croyance et une exploitation de lieux cultes non comprise.

- Génitures de l'outback de Daph K. Travis : Un employé d'un propriétaire terrien vient prévenir ce dernier qu'il y a quelque chose d'étrange sur les nouvelles terres qu'ils viennent d'acheter. Ils y vont... : cette histoire met en avant une légende. Voilà ce qu'en dit l'auteure : "Je voulais confronter des émigrés irlandais fuyant la Grande famine du 19e siècle et prospérant dans l'agriculture et le business de terres, avec le monde des aborigènes et de leurs cultes et croyances, en auréolant délibérément le récit de fantastique, dans la mesure où le surnaturel règne en maître au sein des mythes enracinés dans cette terre qui a vu grandir des personnages aussi singuliers que Ned Kelly ou Rod Ansell (alias Crocodile Dundee), tous deux morts en s'attaquant aux forces de police, en d'autres termes aux représentants de l'autorité gouvernementale, celle-là même qui a contribué à décimer les peuplades indigènes par le passé. Toute une symbolique..." (page 81).

- A l'ombre du figuier de Tepthida Hay : Des enfants disparaissent sans que l'on sache où, ni pourquoi. Qui les attrape ? Une créature du folklore ? Il y a un petit quelque chose d'effrayant dans cette histoire qui m'a beaucoup plu. Une exploitation d'une légende locale, digne de la série Supernatural (ce qui est un compliment de mon côté.)

- L'ambassadeur de Marc Von Buggenhout : Une histoire de Science-fiction. Dans un futur probable.la Terre commerce avec des peuplades extraterrestres. L'Australie accepte d'accueillir l'une d'elles sur ses terres. Mais celle-ci ne commerce pas. La Terre y envoie alors un ambassadeur. L'histoire exploite le chamanisme, le monde des rêves. Un bon mélange entre culture ancestrale et Science-fiction. Il aborde aussi la question des clones et l'usage que l'on peut en faire. Il reste dans un univers qu'il a créé avec la nouvelle "Restez chez vous".

- Je suis le bois qu'on mâche de Fabien Clavel : Une lettre adressée à Victor Hugo. D'une femme au milieu du peuple canaque, qui découvre, par ce biais, leur mode de vie. Nous ne connaissons pas son identité jusqu'à la toute fin, ce qui rajoute un gros plus à l'histoire. L'une de mes histoires préférées. Un témoignage d'une autre culture, comme une anthropologue, elle a quelque chose de charmant.

- L'enfant et le Nargun de Sophie Dabat : Une mère célibataire est dévastée depuis la disparition de sa fille adorée. Disparue sans laisser de trace. Le Nargun, une créature légendaire serait-elle la coupable ? Sans doute celle qui m'a le plus touchée. Parce que c'est aussi l'amour d'un père : "On parle beaucoup d'amour maternel,

mais l'amour paternel peut soulever des montagnes

et faire trembler le sol.

A l'homme, qui se reconnaîtra". L'amour maternel est là, tout comme celui de la grand-mère, mais le père n'est pas oublié. Il y a une douceur dans le texte qui le rend beau. En plus d'exploiter les croyances australiennes à travers le Nargun, mais aussi le mondes de rêves.

- La mémoire brûlée de Brice Tarvel : Une jeune aborigènes a quitté les siens, attirée par le mode de vie des blancs. Pour les siens, elle s'est perdue. Mise en avant d'une légende dans ce texte.

- Tangaorii la Magnifique de Gulzar Joby : L'auteur imagine un monde dans lequel les hommes ont offert l'intelligence aux animaux (même si au fil de l'histoire cet état de fait est remis en question). Des vols inquiètent un inspecteur qui soupçonne les animaux d'avoir une cité cachée dans les profondeurs de l'océan : Tangaorii la Magnifique.

- Traduction de Jean-Christophe Chaumette : Une lettre adressée à une aimée suite à la perte de Doudou et Calinette, des animaux de compagnie dans la flore de l'endroit qu'ils visitaient. Il s'agit d'une traduction. Les notes du traducteur donnent une autre lecture à la lettre. Très bien fait. L'auteur s'amuse à expliciter, à travers cet événement, un mythe australien. Voilà ce qu'il en dit : "D'un seul coup, je n'ai plus eu envie d'être sérieux, de travailler sur la question de la nature, de la réalité et de me plonger dans le mysticisme des cultures ancestrales, un sujet que j'ai toujours adoré. J'ai voulu écrire une blague de carabin, en me servant des mythes modernes, ceux qui se sont construits dans le grand foutoir de la toile, alimentés par le subsrat des séries B. Je me suis emparé d'une légende australienne moderne [...], canular potache à l'échelle d'un continent, et je l'ai mixé avec quelques délires ufologiques chers aux aficionados de la culture X-Files [...]" (page 233.)

- L'aigle d'Aoteroa de Kwamé Materpa : Une plongée dans une légende à travers une première attaque des gens du Nord. Le texte est construit comme une légende, ce qui lui donne un certain charme. Il exploite les redoutables guerriers Maoris. Il s'agit d'un "texte de fantasy épique où le choc des cultures prend tout son sens, dans le sang, la fureur des armes, l'honneur des guerriers et dans une certaine ode à la liberté des peuples premiers de rester maîtres sur la terre de leurs aïeux. Le narratif et l'imaginaire prennent le pas sur la rigueur ethnologique, l'auteur l'espère, pour le plus grand plaisir du lecteur" (page 263.)

- Le retour du dieu de Patrick Vast : L'auteur a voulu s'intéresser au dieu aborigène Karora, dans son côté créateur et vengeur. A travers trois périodes : 1918, 1788 et 2135. Un mélange d'histoire, de culture, de légende et de Science-fiction.

- Le syndrôme Sydney de Yoann Berjaud : La folie humaine. Un homme s'intéresse à tout ce qui est occulte, et se retrouve en hôpital psychiatrique. L'auteur est fasciné par le chamanisme, comme son personnage ?

     Je m'intéresse aux anciennes croyances, aux anciens mythes, peu importe le continent. Mais je n'avais pas encore eu le loisir de me plonger dans ceux de l'Océanie. Une manière de se rattraper à travers cette anthologie intéressante.

Chaque auteur s'est approprié les mythes pour nous raconter des histoires uniques et variées. C'est la grande force de cette anthologie.

Marion (Source : Evidence Editions : cliquez ici pour trouver le livre sur leur site)

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